A la fois îlot et bâtiment, le projet pose la question du tout et de ses parties, des rapports - a priori contradictoires, entre la cohérence d’un ensemble et l’autonomie formelle de ses éléments. Il s’agit d’un travail sur l’identité autant que sur l’usage. C’est pourquoi le projet s’applique à procéder d’une nécessaire évidence : seul gage de l’intelligibilite des entités et de leurs liens.

Malgré un programme très exigeant en terme de densité, on ne peut transiger sur la qualité de l’habitat : lumière, vues, espaces extérieurs, transversalités sont indispensables. Plutôt que de créer quelques situations traversantes, dont la distribution laisserait des logements avec des orientations uniques, le parti est pris de créer des situations de double-orientation partout.

Le bâtiment est scindé en huit entités, posées sur un socle, séparées par des failles. Celles-ci permettent par exemple aux appartements situés au nord de bénéficier d’expositions ouest et est. Les trois-quarts des logements ont une orientation sud. D’une manière générale, l’éclatement en plots sculptés à la recherche du meilleur ensoleillement, permet une diffusion de la lumière à tous les logements. Les façades s’évasent également pour fuir les vis-à-vis frontaux et chercher des vues soit sur le jardin en coeur d’îlot soit vers l’espace public, lui aussi généreusement paysagé. Les interstices peuvent aussi offrir de vraies terrasses suspendues. Ce sont encore ces failles qui améliorent la qualité environnementale des appartements, permettant une ventilation naturelle performante, participant au confort d’été.

Ainsi tous les logements, quelles que soient leurs situations dans les bâtiments, profitent d’une grande qualité de lumière, de vue, et d’un espace extérieur. Les situations sont variées, et si les bâtiments obéissent a une même logique de départ, les résultats sont toujours différents. Ces interruptions permettent en outre d’éviter l’effet d’une rue corridor sur la rue du Passeur de Boulogne au nord. Enfin, certaines se prolongent jusqu’au sol, libérant une percée visuelle depuis la rue et au travers de l’îlot, laissant apercevoir son coeur, son jardin. C’est aussi par ces failles que l’accès se fait : les halls des logements sont intériorisés, tournés vers le jardin.